L’autre jour, un petit garçon m’a demandé mon âge. Aussitôt, ses parents, gênés, l'ont repris : Arthur, ça ne se fait pas de demander l’âge d’une dame ! Et là je me suis sentie très vieille !
Si j’avais eu 25 ans, est-ce que le jeune Arthur aurait été stoppé aussi sec dans son élan de curiosité, pourtant sans arrière-pensée ? Je ne pense pas et cela est très révélateur de notre société. Il est d’ailleurs amusant de noter le nombre de pirouettes faites par certains pour parler de leur âge : j’approche les 50 ans, j’ai 25 ans à l’envers, ou encore j’ai deux fois 30 ans.
Et je ne parle pas des ans qui se transforment en Printemps question d’atténuer le choc. Jeanne a 80 Printemps et José, 92.
Ces stratégies de déni ne font que renforcer notre croyance collective qu’il ne fait pas bon vieillir car les séniors n’ont pas vraiment leur place dans une société atteinte de jeunisme aggravé ! Deux milieux, notamment, s’y engouffrent à l’envie :
- L’entreprise : Les plans de départ s’adressent d’abord au plus de 50 ans sous couvert de stéréotypes bien connus et bien huilés. Trop peu flexibles, pas assez tournés vers les nouvelles technologies, récalcitrants au changement, bref, les séniors sont plan-plan !
- L’industrie du cinéma où les femmes sont encore davantage visées que les hommes. Les rôles pour les plus de 60 ans existent, à condition d’en paraitre 40.
Les industries du botox et de la cosmétique ont encore de beaux jours devant elles mais derrière les liftings plus ou moins réussis, il y a une réalité implacable : nous vieillissons.
Alors que dire ? Que l’âge est une richesse ? Qu’il apporte l’expérience, la réflexion, la sagesse ? Certes, mais un peu réducteur non ?
Chaque génération est une nouvelle génération en cela qu’elle doit s’adapter à un nouvel environnement. Les Sexagénaires d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier. Que l’on ait 30, 50 ou 80 ans, le monde change en permanence et nous devons trouver en nous les ressources pour l’appréhender au mieux.
L’un des avantages d’être sénior, c’est d’avoir roulé sa bosse et d’avoir la capacité à prendre les bonnes décisions. Ceci pour plusieurs raisons :
- Avec l’âge, on se connait mieux, et l’on est plus sûr des valeurs que l’on veut défendre. Cela nous rend plus stable et plus fiable.
- L’on se soucie moins du quand dira-ton et l’on se concentre davantage sur ce qui est important. Cela permet de garder la tête froide et de faire des choix plus éclairés.
Et puis certes, on a peut-être moins envie de passer des nuits blanches sur un dossier, mais cela n’entame pas la passion pour son travail, la niaque ou l’opiniâtreté.
Alors soyons fiers de vieillir. Revendiquons nos petites ou grosses rides ! Assumons de ne jamais avoir fait de Rave Party, d’avoir découvert Mc Fly et Carlito lors de leurs exploits pas drôles à l’Élysée, et de dire « je ne vais pas bien » plutôt que « j’ai le seum »
Bref, j’ai 52 ans et je me sens bien.
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